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Les abeilles peuvent impacter la santé des pollinisateurs sauvages

Les abeilles à miel peuvent compromettre la santé des pollinisateurs sauvages vulnérables en leurs transmettant des agents pathogènes.

Une étude montre que les abeilles mellifères présentent un risque pour les pollinisateurs sauvages. Elles peuvent en effet leur transmettre des virus.

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Une étude menée dans le cadre du projet européen Poshbee, à laquelle l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a contribué, révèle que des agents pathogènes peuvent être transmis d’une espèce d’insectes pollinisateurs à une autre. Les résultats montrent notamment que les abeilles mellifères sont davantage porteuses d’espèces de pathogènes et en plus grandes quantités que les autres. Ainsi, la santé des pollinisateurs sauvages situés à proximité d’une colonie d’abeilles à miel contaminée pourrait être impactée. Ce sont les conclusions mises en avant par l’Anses dans un communiqué de presse diffusé le mardi 4 juin 2024.

Pour autant, les résultats ne mettent pas en avant un effet significatif des « conditions propres au site d’implantation ». C’est-à-dire le type de cultures à proximité, l’usage de produits phytopharmaceutiques, le climat, la durée d’exposition sur le terrain et la diversité ou la quantité de pathogènes retrouvés chez les insectes.

Détail de l’étude Phosbee

« L’étude a été menée dans le cadre du projet européen Poshbee sur la santé des abeilles et a réuni, de 2018 à 2023, des partenaires de 14 pays. Des insectes pollinisateurs ont été implantés sur 128 sites répartis dans huit pays européens à proximité de deux types de culture, le colza et les pommiers. Leur contamination par des agents infectieux et parasitaires a été évaluée avant et après l’implantation des colonies et des nids pendant 11 à 59 jours à proximité des cultures », détaillent les scientifiques.

Ces dernièrs se sont concentrés sur trois espèces de pollinisateurs : l’abeille à miel, dite mellifère, le bourdon terrestre et l’osmie rousse, une abeille sauvage solitaire et onze pathogènes. Au total, l’étude compte six virus, deux bactéries et trois champignons parasites. Dix d’entre eux sont fréquents chez l’abeille mellifère. Le dernier étant un champignon qui infecte principalement les bourdons.

Un risque de transmission chez les pollinisateurs sauvages

Les abeilles à miel porteraient plus d’agents pathogènes dont trois virus plus souvent retrouvés : le virus de l’aile déformée, le virus de la cellule de la reine noire et celui du couvain sacciforme. Dans les échanges de pathogènes, les scientifiques remarquent que la quantité des principaux virus trouvés chez les bourdons et les osmies serait proportionnelle à celle observée chez les abeilles d’une même zone.

« Ces insectes partagent les mêmes aires de butinage. Ils déposent des pathogènes sur les fleurs et peuvent ainsi se transmettre des pathogènes entre espèces. La charge virale plus faible de virus chez les bourdons et les osmies peut s’expliquer par le fait que les virus étudiés sont surtout connus pour être des virus des abeilles », explique Eric Dubois, chargé de projet au sein de l’unité de pathologie de l’abeille du laboratoire de Sophia Antipolis de l’Anses.

Même si les pollinisateurs sauvages ont plus de résistance, ils peuvent néanmoins être sensibles aux pathogènes de l’abeille. « Il faut être vigilants quand on introduit une colonie d’abeilles dans un espace protégé pour éviter de transmettre des pathogènes aux espèces de pollinisateurs menacées », poursuit-il. L’étude montre que « les pathogènes les plus fréquents, qui ne sont pas forcément les plus virulents, constituaient le meilleur indicateur du risque d’exposition des pollinisateurs aux pathogènes ».

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